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                     -- Interview de André Verdon --
                                            Cycle d’Orientation d’Avry, Fribourg. Février 2012
                                                   Angéloz Marc 3B et Rossier Sébastien 3D


- Comment vous est venue l’idée de construire cet avion?
Cette idée m’est venue depuis tout petit. Quand j’habitais les Granges de Cheyres et que je regardais
les avions militaires en finale pour l’aérodrome de Payerne. Construire c’est une chose, mais il faut ensuite
pouvoir le piloter… Donc à l’âge de 30 ans, j’ai effectué ma licence de pilote d’avion à Ecuvillens. J’avais
toujours l’envie de construire et suite à des problèmes de santé, mon médecin me conseilla d’effectuer
quelque chose de spécial. Donc j’ai commencé à acheter les plans de l’avion qui me plaisait, ensuite le
matériel et la construction débuta en 2003. J’ai choisi les matériaux en aluminium qui étaient plus adaptés
à mon style de travail (Il y a plusieurs types de construction, en métal comme le mien, en bois ou en composite).

- Avez-vous eu une baisse de motivation à un certain moment?
Jamais! C’est que j’ai travaillé en pensant que c’était un hobby et non un travail obligatoire. Et le plaisir de
finir une pièce et d’en commencer une autre motive ce rêve. Chaque fois que l’on passe du temps de son
loisir à la construction, il faut se dire que l’on se rapproche un peu de l’avion terminé. Le fait de sortir des
pièces parfaites rend cette œuvre attractive.

- Combien de temps a duré cette formidable épopée?

Durant ces 11 ans de travaux et suivi par un conseiller en construction qui attesta par des certificats, de
contrôle de la première aile, de la deuxième, de l’empennage arrière et pour finir la dérive. Ces éléments furent
ensuite stationnés dans un autre hangar. Cela me permettait d’attaquer le fuselage toujours dans le garage à
voitures. Certaines personnes, passant devant le garage, me posaient souvent la question, si c’était un bateau
ou autre chose… Ils furent souvent étonnés quand je leur répondais que c’était un avion. Vint le temps où il
fallait ajuster les ailes au fuselage, et là, le garage ne suffisait plus. Il fallait trouver un autre local. Je l’ai trouvé
dans le village de Grolley. La poursuite de mes travaux demanda beaucoup de réflexion et d’imagination pour
former différentes pièces.

- Quels problèmes avez-vous rencontrés? Et comment les avez-vous résolus?
J’ai rencontré quelques problèmes lors de cette construction à cause des imprécisions et des erreurs du plan de l’ingénieur français qui avait conçu ce type d’avion. On dit toujours que la nuit porte conseil, et souvent, le lendemain, une idée jaillissait dans mon esprit pour résoudre les différents problèmes. Etant le 3ème avion de ce style construit en Suisse, j’ai pu copier et améliorer certains détails. Une fois l’avion terminé, il restait à effectuer le contrôle final, la pesée de l’avion, contrôler la traction du moteur, et ensuite effectuer le manuel de vol, et une tonne de papiers à remplir pour ensuite, les envoyer à Berne pour recevoir le permis de vol provisoire. Après maints téléphones avec l’office fédéral de l’air, j’ai enfin reçu ce papier. Ohh!! Quelle satisfaction!! Arriva le jour de premier vol, et après plusieurs roulages sur la piste, j’ai contacté le pilote d’essai, Monsieur Max Brugger, qui lors d’une météo favorable, effectua ce vol tant attendu par toute la famille. Ce fut à mon tour de prendre en main ce merveilleux oiseau motorisé, et ce fut une grande joie intérieure que je n’oublierai jamais. Toute une série de tests en vol ont été effectués et, je reçus ce fameux permis définitif. La satisfaction d’un ouvrage achevé, une motivation, une patience, une précision méticuleuse sont le résultat d’un rêve.

- Est-ce que vous le considérez comme un membre de votre famille?
Certaines personnes de ma famille considèrent cet avion comme un frère (la maman de Marc). Et c’est vrai que c’est une fierté personnelle d’être arrivé au but.

- Qu’avez-vous fait de spécial avec?

Plusieurs sorties à l’étranger, spécialement en France, et lors du rassemblement des constructeurs français, j’ai reçu le prix de la meilleure construction métallique en 2005. Ce prix était une bâche pour couvrir la verrière, avec l’immatriculation notée sur celle-ci. J’ai eu l’occasion d’aller deux fois atterrir sur le Lac Noir, en 2006 et 2009, qui a une particularité dans l’approche et dans le fait de me poser sur ce lac gelé. J’ai également participé à plusieurs rassemblements, en dressant la tente à côté de l’avion pour passer la nuit.

- Prenez-vous des passagers à bord? Si oui, combien?

Comme c’est un biplace, ce fut naturellement un plaisir de prendre des passagers à bord, spécialement les membres de ma famille et des amis.

- D’où décollez-vous?
Le stationnement de l’avion est dans un hangar à Ecuvillens et il est suspendu. Chaque vol est affreté d’une taxe d’atterrissage.

- Nécessite-t-il beaucoup d’entretien?

Comme pour une voiture, il faut effectuer des travaux d’entretien, notamment les services toutes les 25, 50 et 100 heures de vol. Le service des 100 heures comprend le contrôle entier de l’aéronef, et tous les deux ans, nous devons nous soumettre à une expertise approfondie par un expert de l’office fédéral de l’aviation civile. Sans oublier la facture à la fin de ce contrôle…

- Combien avez-vous investi dans cette réalisation?
J’ai acheté une partie de mon matériel en France et le solde chez Pilatus à Stans (NW). Au total, ma passion m’a coûté environ 40'000 francs.

- Quel élément vous a pris le plus de temps à fabriquer?
Le fuselage m’a certainement pris le plus de temps, mais les autres pièces sont également longues à réaliser, si l’on veut de la précision. Par exemple: un ajustage de pièce s’effectue une première fois en donnant 10 coups de lime, si ce n’est pas exact, séparation des pièces, 5 coups de lime, assemblage, puis à nouveau une correction, 2 coups de lime, jusqu’à ce que j’estime que l’assemblage soit correct.

- Mot de la fin
J’ai effectué environ 250 heures de vol, étalées du 16 novembre 2004, date du premier vol à aujourd’hui, pour environ 500 atterrissages. Le sentiment de piloter et de voler avec son propre avion, que l’on a construit soi-même, est vraiment incomparable, même les pilotes professionnels ne pourront pas le ressentir, car ils pilotent des machines de série. Ainsi, je profite de chaque instant en vol, à bord de mon «quatrième enfant».


Merci et bons vols pour le futur   Marc et Sébastien.
Merci Marc & Sébastion pour l'interview



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