# Projet Ruchet # - Experimental Aviation

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# Projet Ruchet #

Projets

Mardi 5 Juillet 2011 à 08h30.

Au RUN-UP
de la 25 de Sion, le contrôleur me donne la "clearance" pour m'aligner et décoller.
Je lâche donc les freins et tâche de calmer mon cœur qui bat la chamade. Je m'aligne gentiment sur
cette énôôôrme piste avec mon tout petit avion... Que je me sens seul d'un coup, est-ce que je regagne
la parking transit et reporte le décollage à un autre jour, oui, c'est sans doute mieux??? Merde la tour
m'a donné l'autorisation d'alignement, mais je ne me rappelle plus si je peux décoller. Bref je rappelle
et ils me confirment mon autorisation, je pense qu'ils doivent comprendre mon appréhension?...
Cette fois plus moyen de repousser l'échéance, je pousse résolument la commande des gaz au maximum
et ma machine volante bondit en avant.

L'accélération est étonnante pour une si petite machine, et vers 30 km/h je pousse le manche en avant
pour lui dresser la queue. Miracle elle se lève mais voilà que je dévie franchement sur la gauche, réflexe
immédiat et compensation sans vraiment d'effet.... Merde j'ai vraiment dévié une chiée, je l'ai levé trop
tôt !!! ... Moteur hurlant plein pot, vers 60km/h, je le tire gentiment et me retrouve en l'air sans trop
comprendre: déjà? Je vole !!!

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Cette histoire d'amour à commencé en 2002 avec l'achat d'un lot de pièces disparate et d'un moteur qui
était partiellement démonté. Il est vrai que quelques mois auparavant, j'avais fait plusieurs vol sur Kitfox 5
et avait été enchanté par le concept et les performances de vol de cet avion. Pour placer mon futur avion
dans mon atelier, j'ai du commencer par fabriquer l'atelier, réviser l'installation électrique, nettoyer le tout,
mettre un chauffage avec une chaudière dans cette ancienne écurie de près de 25 mètres de long ! Quelle
chance d'avoir chez soi un atelier ou l'on peux monter un avion complet de 10 mètre d'envergure dedans.

J'ai commencé mon projet avec la fabrication avec les ailes, la pose des réservoirs après leur contrôle minutieux,
l'installation électrique et les fameux saumons. Les longerons étant déjà découpés par mon prédécesseur, je
n'avait que le choix de le faire en version "ailes courtes". Donc je pris la décision de le modifier en version
"SPEEDSTER" et de lui profiler l'empennage et le plan fixe.



               ---------------------------------------------------------------------------------------------------                          Veuillez noter qu'il y a quatre pages de photos à consulter. La commande de page se trouve en
                                                                                                                                      bas à droite. La première ouverture des photos peux être passablement longue PATIENCE ...


La cellule
fut un gros travail et je commençait avec le design du tableau de bord.  Après quelques heures sur ma planche à dessin, les plans furent prêt et je fit couper le tout au laser. Résultat absolument parfait ! Il ne restait
donc plus qu'à anodiser le tout en bleu avant le montage dans l'avion. L'installation des instruments et la partie électrique furent un délice pour moi: c'est ma spécialité! Par sécurité, j'ai fait bouillir les sondes de température
pour l'étalonnage et ce fut judicieux, car tout était absolument faux. Lors de l'installation de la radio et de l'intercom, je pris décision de monter le tout en stéréo, c'est sympa parfois d'écouter de la musique. Un Garmin 500
portatif pris place au beau milieu de mon tableau de bord. Pourquoi portatif? On peu le prendre  chez soi pour préparer son vol et en cas de remplacement, pas besoin de demander quoi que ce soit!

Construire son avion, c'est une expérience unique, mais c'est aussi devenir champion du monde dans la résolution des problèmes. Dans le cas de mon Kitfox 4, ce qui fut consternant, c'est la mauvaise qualité du kit, cela va des
informations en général aux pièces fournies. J'ai pratiquement dû refabriquer ou modifier la totalité de ce qui était fournis :

                                     - Le radiateur d'huile a explosé au premier essai.                                                                                                          - Le volet de profondeur pas soudée dans l'axe.
                                     - Les fixations du train d'atterrissage pas soudées à la bonne place.                                                                             - Le pare brise cassé lors de l'expédition (2 fois de suite, 1200$ pièce).
                                     - Capots moteur et siège inadaptables, refabrication complète.                                                                                     - Bouchon d'huile trop gros, refabrication de la trappe de contrôle.
                                     - Le compte tours défectueux, remplacement et modification du circuit.                                                                       - Les silentblocs moteurs brûlent, car l'échappement est trop prêt.
                                     - Les tuyaux d'huile sont trop proches des collecteurs d'échappement.                                                                         - Conduites d'eau bouchées dans le moteur (pas ébavurées en usine).
                                     - Siphonnage de la réserve d'huile dans le carter et blocage du moteur.                                                                        - Pose d'un robinet pour éviter le siphonage.
                                     - Fuite d'essence à la sortie de la nourrice de secours, inresolvable!                                                                             - Refabrication complète de la nourrice de secours en aluminium.
                                     - Raccords d'huile à fabriquer artisanalement, car n'existant pas.                                                                                - Génératrice interne au moteur à remplacer, dépose complète.
                                     - Données erratiques de la sonde "low fuel".                                                                                                                  - La commande des gaz d'origine, système absolument inutilisable.
                                     - Sonde de température d'eau inadaptable sur ce moteur.                                                                                             - Marché dans le bidon de peinture, quel merdier à nettoyer !!!


Le tout étant prêt, ce fut l'entoilage. Comme c'est une étape très particulière, je me mis à chercher des cours  de formation. Ce fut donc à l'aérodrome de Bex chez MAS service qui était en train d'entoiler
un piper L4 que j'appris le métier. L'entoilage, c'est sympa mais faut du temps et savoir prendre son temps (aussi) pour avoir un résultat correct. Sur la totalité de l'avion, je me suis loupé seulement sur la partie inférieure de la cellule, mais cela ne se vois pas heureusement! Lors de l'entoilage et la peinture, je pris la décision de ne pas redémonter le moteur, tableau de bord etc... C'est sûr que ce fut plus difficile d'entoiler et vernir le dessous, mais avec une bonne couchette et ayant une bonne condition physique ce fut ok!  Le choix de la peinture finale fut plus compliqué et me pris du temps. Pour la petite histoire, j'avais commandé en Asie une maquette en bois du Kitfox et envoyé des croquis du design que je souhaitais. Je reçus donc plusieurs mois plus tard un Kitfox complètement différent de ce que je souhaitais, mais tellement mieux je décidais d'utiliser la version Asiatique !!!

L'avion étant pratiquement terminé, il fallait maintenant le sortir de l'écurie, pardon de mon atelier. Il était jadis rentré par la porte, et c'était maintenant absolument impossible de faire la même chose pour le sortir. Bref je du me rendre à l'évidence, que la seule solution était de casser le mur de ma ferme sur trois mètres et de faire une nouvelle porte, quel travail !!! Défoncer un mur au marteau-piqueur et à la masse,  le tout à moins de deux mètres d'un avion presque terminé... Pfououhhh!!! Les différents essais et mesures ne posèrent pratiquement pas de problèmes. Notre cher Max Brugger, toujours disponible m'a beaucoup aidé. Puis enfin la pesée avec  masses et centrages pour un résultat parfait quelle chance! Absolument rien à modifier dans l'avion, presque incroyable. Il est vrai que la conception de cet avion "tout au niveau des ailes" favorise bien ce résultat. Le plus beau moment fut le contrôle final, résultat de neuf ans de travail, c'est un peu comme une naissance: celle d'un joli petit avion...

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Comme un grand gamin volant toujours dans la CTR de Sion avec son jouet préféré, c’est à la tour de contrôle de s’inquiéter et de me rappeler à l’ordre une heure plus tard pour me demander mes intentions: je leurs réponds «Heuu oui, je demande de ré-intéger votre vente-arrière pour atterrissage HB-YLN». Hôtel-Lima-Novembre euhh... Finale pour la deux-cinq (j’ai encore de la peine à me faire à cette immatriculation). A cinquante centimètres de toucher, j’arrondis gentiment l’avion et décide de le «décrocher» pour éviter un éventuel «Shimmy» de la roue arrière sur le goudron, eeet pof! Trois points stable dans l’axe, je me dirige déjà vers la bretelle de sortie avec un certain soulagement et en arborant un air satisfait. Parking transit, freins, ignitions OFF, master OFF. Putain c’est fait, j’y crois pas !!! Wooow...
Mon fidèle copain Bernard m’attends au contrôle, il arbore un superbe sourire. Nous avions décidé de faire ce premier vol de manière quasi confidentielle, ceci afin d’éviter tout pression ou contrainte, il deviens alors rapidement mon confident de partage d’émotions. Je paie rapidement mes taxes, regarde Bernard et lui dit je veux le convoyer sur Bex maintenant, pas question de revenir le chercher un autre jour comme on me l’a demandé . . . 15 minutes plus tard, je suis donc aligné et libère les 80 Cv de mon Rotax, lâche les freins, lui tiens la queue au sol, 20, 30, 40, 50 km/h, pousse le manche, pied à droite pour contrer le couple, 60, rotation et décolle parfaitement dans l’axe.

Hôtel-Lima-Novembre passe Whisky à 3000Ft pour quitter la fréquence. Je contacte ensuite Bernard sur "12345" qui me précède sur l'autoroute comme un fidèle Saint-Bernard (he he) et le renseigne que tout est ok à bord pour continuer jusqu'à destination. Sous mes roues Martigny me salue avec ses traditionnelles turbulances et Saint-Maurice attends mon passage. Bernard me fait savoir qu'il m'attends en bout de piste à Bex pour une belle photo (he oui avec mon "petit pas" sur l'hélice mis
exprès pour les essais, je me traîne 60 Kt en croisière pfououh, quel escargot). L'aérodrome de Bex en vue, je me rappelle que mes parents travaillent derrière la maison dans une vigne facile de survol et pas trop éloignée de la vente-arrière ... Mhhh !
Je sais bien qu'il ne faut pas, mais les gratifies d'un joli passage et me dirige ensuite sagement vers la vente-arrière de Bex, tourne en base, me fait chahuter en finale et termine cette inoubliable journée par un bel atterrissage. Il est vrai qu'il n'y a
rien de tel pour un pilote que de faire un bel atterrissage pour se mettre de bonne humeur... Et là croyez -moi, je suis heureux !!!

Par la présente, je tiens spécialement à remercier l'EAS et tout ceux qui m'ont aidés dans mon projet pendant toutes ces années: Christian Huwiler, Werner Schneider, Thomas Muller, Daniel Koblet et le "Team MAS" et bien sûr "notre" Max Brugger. Et pardon à ceux que j'ai oublié . . .

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